- TOM POUCE
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Il était une fois un pauvre paysan et sa femme qui n'avait pas d'enfant.
La femme tomba malade et au bout de sept mois, un enfant naquit, fort bien conformé, mais pas plus grand que le pouce.
Ils l'appelèrent Tom Pouce à cause de sa taille. Ils ne le laissaient manquer de rien, cependant l'enfant ne grandit pas et conserva toujours sa petite taille.
Un jour, le paysan s'apprêta pour aller à la forêt couper du bois et il aurait bien aimé que quelqu'un lui amène la charrette.
Tom pouce décida alors d'amener la charrette. Lorsque le moment fut venu, la mère attela et plaça le Petit Poucet dans l'oreille du cheval et il lui indiqua le chemin à suivre vers la forêt.
Au moment où la voiture tournait au coin d'une haie et comme le petit criait : Dia ! deux étrangers s'approchèrent.
- Ça alors ! dit l'un, qu'est-ce que cela ? Voilà une voiture, on entend le charretier, mais on ne le voit pas.
- C'est étrange, en effet, dit l'autre, suivons-la et voyons où elle s'arrêtera.
Elle poursuivit sa route et s'arrêta juste à l'endroit où se trouvait le bois abattu.
Lorsque le Petit Poucet aperçut son père, il lui cria :
- Tu vois, père, me voilà avec la charrette. Fais-moi descendre.
Le père saisit la bride du cheval de la main gauche et de la main droite retira de l'oreille son fils et le déposa à terre.
Les deux étrangers s'approchèrent du père et lui dirent :
- Vendez-nous ce petit bonhomme, nous en aurons bien soin.
- Non, répondit le père, c'est mon enfant et il ne serait pas à vendre pour tout l'or du monde.
Mais le Petit Poucet qui avait entendu, grimpa sur son épaule et lui murmura à l'oreille :
- Livrez-moi toujours, père, je m'arrangerai bien pour revenir.
Alors le père le vendit aux deux hommes pour une belle pièce d'or.
Un étranger posa Tom pouce sur le bord de votre chapeau, puis ils marchèrent ainsi jusqu'au soir.
Alors le petit homme dit :
- Posez-moi un peu par terre, j'ai besoin de descendre.
L'homme enleva son chapeau et posa le Petit Poucet dans un champ au bord de la route.
Alors celui-ci sauta et gambada un moment au milieu des mottes de terre puis il s'enfila tout à coup dans un trou de souris qu'il avait découvert.
Ils voulurent le rattraper et fourragèrent avec des baguettes le trou de souris, peine perdue. Tom Pouce s'y enfonça toujours plus avant, et, comme la nuit était venue tout à fait, ils durent rentrer chez eux en colère et les mains vides.
Quand ils furent partis, Tom Pouce sortit de sa cachette souterraine. Il rencontra par bonheur une coque vide d'escargot et s'y installa pour y passer la nuit.
Comme il allait s'endormir, il entendit passer deux hommes dont l'un dit :
- Comment allons-nous nous y prendre pour voler au riche curé son or et son argent ?
- Je vais vous le dire, interrompit Tom Pouce.
Cherchant d'où venait cette voix, les voleurs finirent par trouver Tom Pouce.
Quand ils furent arrivés au presbytère, Tom Pouce s'introduisit dans la chambre et cria aussitôt de toutes ses forces :
- Voulez-vous avoir tout ce qui se trouve ici .
Les voleurs furent effrayés et ils lui dirent :
- Parle donc plus bas, tu vas éveiller quelqu'un.
Mais Tom Pouce feignit de ne pas avoir entendu et cria de nouveau :
- Que voulez-vous ? Voulez-vous avoir tout ce qui se trouve ici ?
La servante, qui était aux écoutes, l'entendit très clairement. Elle bondit hors du lit et poussa la porte. Les voleurs s'enfuirent et coururent comme si le diable eût été à leurs trousses.
La bonne retourna alors dormir. Tom Pouce s'était blotti dans le foin et avait trouvé une bonne place pour dormir. il comptait s'y reposer jusqu'au jour et puis retourner chez ses parents.
Mais il allait connaître d'autres aventures !
La servante se leva dès l'aurore, pour donner à manger aux bestiaux. Elle alla d'abord dans la grange où elle prit une brassée de foin. juste là où se trouvait Tom pouce !
Sa première visite fut pour la grange où elle prit une brassée du foin là où se trouvait précisément endormi le pauvre Tom. Mais il dormait d'un sommeil si profond qu'il ne s'aperçut de rien et ne s'éveilla que quand il fut dans la bouche d'une vache qui l'avalait avec son foin.
Alors, il cria aussi fort qu'il put :
- Ne me donnez plus de foin, ne me donnez plus de foin !
La bonne entendit parler sans voir personne, puis reconnaissant la même voix que celle qui l'avait déjà éveillée la nuit, elle fut prise d'une telle frayeur qu'elle tomba de son tabouret et répandit son lait.
Elle alla en toute hâte trouver son maître et lui cria :
- Seigneur ! monsieur le curé, la vache a parlé !
- Tu es folle, répondit le curé.
Il se rendit cependant à l'étable pour voir ce qui se passait.
A peine y eut-il mis le pied que Tom Pouce s'écria de nouveau :
- Ne m’envoyez plus de fourrage, ne m'envoyez plus, de fourrage.
Alors le curé lui-même eut peur et, s'imaginant qu'il y avait mauvais esprit dans le corps de la vache, la fit tuer.
Alors le curé lui-même eut peur, crut qu'un mauvais esprit s'était introduit dans la vache et la fit tuer. On dépeça la vache et l'estomac, dans lequel se trouvait le Petit Poucet, fut jeté au fumier.
Un loup affamé qui passait par là avala la panse de la vache avec le petit bonhomme d'une seule bouchée.
Tom Pouce ne perdit pas courage lui cria :
- Cher Loup, vais t'indiquer un bon repas à faire.
- Où ça ? demanda le Loup.
- Il faut que tu entres dans une maison par le trou de l'évier et tu y trouveras des gâteaux, du lard et des saucisses autant que tu pourras en manger.
Puis il lui indiqua exactement la maison de son père.
Le loup se dépêcha pendant la nuit d'entrer par le trou de l'évier. Il mangea tout. Mais quand il voulut repartir, il était devenu si gros qu'il ne pouvait plus ressortir par le chemin qu'il avait emprunté pour entrer.
Tom Pouce se mit à faire dans le ventre du loup un bruit terrible, hurlant et gambadant tant qu'il put.
- Veux-tu te taire, dit le loup. Tu vas réveiller les gens.
- Eh quoi ! répondit le petit homme, toi tu t'es régalé, moi aussi je veux m'amuser.
Et il recommença son tapage.
Finalement, son père et sa mère se réveillèrent. Ils s'approchèrent de la cuisine et regardèrent par un trou. Quand ils virent le loup, ils coururent s'armer, l'homme d'une hache, la femme d'une faux.
- Reste derrière, dit l'homme. Je vais lui asséner un coup avec ma hache, et s'il n'en meurt pas d'un coup, tu lui couperas le ventre.
Tom Pouce qui entendit la voix de son père lui cria :
- Cher père, je suis ici, dans le ventre du loup.
- Notre cher enfant nous est rendu ! s'écria le père plein de joie.
Ils cherchèrent alors un couteau et des ciseaux, ouvrirent le ventre du loup et en retirèrent leur petit.
- Ah ! dit le père, que nous avons été inquiets sur ton sort !
- Ah ! père, j'ai été dans un trou de souris, dans la panse d'une vache et dans le ventre d'un loup. Mais maintenant je veux rester avec vous.
- Et nous ne te revendrons plus pour toutes les richesses du monde, dirent les parents en embrassant leur enfant.
Ils lui donnèrent à manger et à boire et lui firent faire de nouveaux habits car les anciens avaient été bien abimés au cours du voyage !
- - Jacob Grimm (1785-1863) et Wilhelm Grimm (1786-1859) -
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